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Enlever un tatouage au laser

Changer un tatouage ou l’ôter complètement sont des demandes fréquentes dans les cabinets médicaux. Il faut savoir certaines choses avant de se lancer, à commencer par la durée : le détatouage au laser est un traitement long.

Même si la France n’a pas vraiment la culture du tatouage comme certains pays du Nord, il n’empêche, le phénomène prend de l’ampleur. Avec leur corollaire direct : le détatouage, lui aussi en augmentation, d’après les chiffres donnés lors des Journées dermatologiques de Paris de décembre 2015. Le Dr Thierry Fusade, dermatologue, le confirme :

« On me demande de plus en plus de détatouage, pas forcément pour ne plus avoir de tatouage du tout. Parfois, la personne veut juste en changer car le tatouage ne correspond plus à son état d’esprit. »

Différents lasers selon la couleur du tatouage

Pour enlever un tatouage, le dermatologue ou le médecin esthétique va utiliser un laser. « Il s’agit d’un impact photomécanique. L’idée est de fragmenter les gouttes d’encre dans la peau, jusqu’à ce qu’elles arrivent à la taille critique de 5 ou 10 microns : elles sont alors résorbées par l’organisme. L’objectif est de faire de la poussière d’encre », explique le Dr Jean-Michel Mazer, dermatologue.

Le choix du laser – qui se caractérise entre autres par sa longueur d’onde – se fait en fonction de la couleur du tatouage :

  • Pour atteindre la couleur rouge dans la peau, il faut un laser KTP. Les orange ou marron sont aussi traités avec le laser Yag.
  •  Du bleu ou du vert : souvent un laser Alexandrite.
  •  Du noir : laser Alexandrite ou Yag.

 

Effacer un tatouage au laser Q Switch ou au laser picoseconde ?

Côté technologie, le Q Switch – pour lequel on peut avoir du KTP, de l’Alexandrite ou du Yag – est couramment utilisé. Mais il existe un débat entre experts sur les avantages comparés des technologies du Q Switch ou dulaser dit “picoseconde”, le plus récent, qui est également le plus rapide... et le plus cher.

  • D’un côté, le Q Switch est moins cher mais le traitement dure plus longtemps car on ne peut faire des séances que tous les deux mois, le temps que les croûtes induites par le laser soient cicatrisées.
     
  • De l’autre, le picoseconde permet de faire des séances plus rapprochées – tous les mois – ce qui compte quand, dans une durée totale de traitement, on passe de deux ans à un an ; mais il est plus cher. Le Dr Mazer, partisan du picoseconde, explique : « De 20 à 30 % des patients arrêtent le traitement avant la fin, en raison de la durée de ce dernier. Je pense que le gain de temps du picoseconde est un avantage important. »

 

Quels prix pour un détatouage au laser ?

Dans tous les cas le traitement reste long, et il faut anticiper son détatouage.

« Je rencontre souvent le cas classique de la jeune femme qui vient enlever un tatouage car elle va se marier dans trois mois. Je lui explique alors qu’il est impossible d’enlever un tatouage aussi rapidement, qu’il faut mieux changer la forme de la robe », raconte le Dr Fusade.

Combien de séances nécessaires pour retirer un tatouage ?

Tous les consultants insistent sur un point :

« Il est compliqué de prévoir de façon exacte le nombre de séances nécessaires pour faire partir un tatouage, surtout quand le tatouage est polychrome, avec beaucoup de couleurs différentes », précise le Dr Fusade.

Par exemple, un tatouage vert résulte de compositions de pigments qui, bien que donnant la même teinte, peuvent être très différentes. Le dermatologue peut difficilement faire la différence en amont, et les couleurs ne partiront pas à la même vitesse selon leurs molécules de base.

Les tatouages bleus et verts plus difficiles à faire partir

Même si chaque tatouage est unique, il est cependant reconnu que les tatouages rouges sont les plus faciles à enlever, ainsi que les noirs. Les plus difficiles à enlever sont les bleus et les verts.

« Le laser picoseconde est surtout intéressant en Alexandrite pour traiter le noir, mais aussi le bleu et le vert, qui sont les couleurs les plus difficiles à faire partir », explique le Dr Mazer.

À savoir : le picoseconde est également indiqué pour traiter les “restes” de tatouage – les dermatologues parlent quelquefois d’effet “fantôme” –, ces particules qui font comme un voile léger résistant au Q Switch.

« Enfin, il faut tenir compte de la pigmentation de la peau. Sur une peau foncée, le laser Q Switch en version KTP sera trop absorbé par la mélanine et risque d’entraîner une dépigmentation. Il faut donc alors favoriser les lasers Alexandrite ou Nd Yag. Mais les tatouages rouges ne répondent qu’au KTP... Il est donc très difficile d’enlever un tatouage rouge sur une peau très pigmentée », précise encore Jean- Michel Mazer.

Cacher un tatouage par un autre tatouage, une bonne idée ?

« Il faut que le tatouage recouvrant soit deux à trois fois plus grand que le premier tatouage, si l’on veut avoir un résultat esthétique », explique Loïc, tatoueur professionnel.

Le dessin du second tatouage sera forcément conçu en fonction du premier. On ne peut que monter les couleurs, impossible de faire un tatouage clair sur un tatouage foncé. Parfois, une séance de laser peut être utile pour ajuster, estomper.

Ce qu’il faut savoir avant de se faire tatouer

Les conseils du Dr Fusade :

  • ne pas se faire tatouer sur des zones exposées socialement : pas sur les avant-bras, ni les chevilles, ni la nuque ;
  • pour une femme, pas de tatouage sur le décolleté car la zone vieillit beaucoup ;
  • éviter un tatouage trop chargé en pigments, ou encore les couleurs dans tous les sens, et aux bleus et aux verts, préférer le rouge, les ombrés, les traits fins, les volutes, plus faciles à faire partir, plus doux.
Référence Article
santemagazine.fr